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Mali : Des barrières à l’accès aux soins de santé dans le cercle de Niono

Par bilga | Africain.info | jeudi 27 février 2020
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27 février 2020 – Après huit ans de guerre, la situation humanitaire au Mali se détériore due à la dégradation du contexte sécuritaire. Aujourd’hui, après les régions du Nord et du Centre, la crise, qui est loin de finir, progresse et affecte une partie des populations civiles de la région de Ségou, notamment dans le cercle de Niono. [photo : Un agent MSF applique un test du depistage rapide du paludimes à enfant au service de pédiatrie de l’hôpital de Niono]

À cause de l’insécurité, les services sociaux de base et en particulier les services de santé sont peu fonctionnels, et toute l’économie locale de la région se trouve ébranlée ce qui accroit la vulnérabilité des populations. En collaboration avec le Ministère de la Santé, Médecins Sans Frontières (MSF) intervient dans la zone pour prendre en charge les enfants âgés de moins de 15 ans, qui constituent les couches plus vulnérables.

Les populations ici doivent faire face à la distance, l’insécurité et à des barrières financières. « La crise a changé notre vie quotidienne. Nos activités économiques ne fonctionnent plus. Nos marchandises ne sont plus achetées, car les clients n’ont plus d’argent » raconte Aïchata, qui a accompagné sa fille souffrant du paludisme sévère au centre de santé. « Nous avons connu assez de cas de violence et cela nous appauvrit. C’est injuste que l’on nous prenne tous nos biens après avoir passé tant d’années à les chercher. Voici notre réalité quotidienne, les violences, les vols, la peur et les attaques. »

Bamboï, originaire du village de Djètroi, est arrivée au centre de santé de référence de Niono avec son fils, malade depuis une semaine. Elle a commencé par emprunter de l’argent pour le soigner avec des médicaments traditionnels, mais quand son état ne s’est pas amélioré quelqu’un lui a parlé des soins gratuits au centre de santé : « J’étais très inquiète pour sa vie, je ne croyais plus à ses chances de survivre ... Nous avons une clinique privée à côté de chez nous mais nous ne pouvons pas la fréquenter, car les soins sont extrêmement chers là-bas.  »

Souvent les enfants arrivent au centre de santé dans une condition de maladie avancée. « C’est très difficile pour la maman qui ne veut pas se rendre dans une structure de santé avec son enfant malade par peur qu’on lui demande de l’argent, car elle n’en dispose pas » explique Dr Daniel Zoupandji, coordinateur projet de MSF à Niono.

L’équipe promotion de la santé MSF explique l’importance de fréquenter à temps les services de santé à la population venue pour les soins grauits à l’hôpital de Niono
Crédits photos : Lamine Keïta/MSF

Au centre de santé de référence de Niono MSF soutient l’unité pédiatrique, et travaille aussi dans cinq centres de santé périphérique. Les équipes MSF gèrent le référencement des centres de santé communautaires vers le centre de santé de référence et vers l’hôpital de Ségou, et entreprennent des activités de sensibilisation sur les soins gratuits. Environ 52% de nos patients sont des enfants de moins de 15 ans, qui souffre principalement du paludisme, d’infections respiratoires et de la malnutrition. Et depuis le début des activités les équipes ont réalisés 7 558 consultations, et ont traités 2 596 cas de paludisme parmi lesquels 712 graves et 64 enfants pour la malnutrition.

Médecins Sans Frontières est une organisation médicale humanitaire indépendante. Les équipes MSF apportent des soins médicaux gratuits aux populations de Ténenkou, Bamako, Koro, Ansongo, Douentza, Kidal, Koutiala et Niono. Le travail de MSF au Mali est financé par des donations de particuliers qui viennent de divers pays à travers le monde.

Dr Daniel Zoupandji, Coordinateur projet de MSF à Niono, nous explique les besoins humanitaires des populations et les activités MSF de la région.

1- MSF a ouvert le projet de Niono en juin dernier. Pourquoi ce projet, et comment vous le décrivez ?
Niono est l’un des sept cercles de la région de Ségou, situé au centre du Mali, qui reçoit la plupart des populations déplacées qui fuient les conflits armés et les violences intercommunautaires du centre. La région de Niono fait l’objet, depuis un certain temps, d’attaques entre groupes armés. Cette situation d’insécurité volatile a impacté les services sociaux de base, notamment les services de santé peu fonctionnels, et a affecté l’économie locale de la zone. Tous ces facteurs réunis compliquent aujourd’hui l’accès aux soins de santé pour la population. C’est la raison pour laquelle, à la suite des missions exploratoires, et en collaboration avec le Ministère de la santé, MSF a décidé d’intervenir dans la zone à travers un projet médico-nutritionnel.
Nous prenons en charge gratuitement les enfants âgés de moins de 15 ans qui constituent la couche la plus vulnérable. Nous appuyons l’unité de pédiatrie et de nutrition au centre de santé de référence de Niono, et nous renforçons les capacités de prise en charge des agents de santé et des relais communautaires dans cinq centres de santé au niveau de la périphérie.

2- Comment vivent les populations au quotidien dans la zone ?
De manière générale, ici la population vit sous la peur et les menaces des groupes armés. Elle s’inquiète de l’évolution des violences persistante dans le cercle.
Le cercle de Niono est confronté à un défi majeur : la réponse à des besoins humanitaires devient difficile, voire impossible dans certaines zones dues à des attaques à la suite des conflits armés. Face aux mouvements de la population, les besoins de première intention manque et il y a peu d’acteurs dans le domaine pour offrir des abris et des kits NFI composé essentiellement des tentes pour des abris, les moustiquaires, des couvertures, des bidons d’eau, des bouillards, des gobelets, des aquatabs pour les ménages touchés lors des inondations ou en cas de déplacement de population.
Toute fois au-delà des contraintes liées à la sécurité, il y a aussi le recouvrement des coûts des offres dans les structures sanitaires qui est une barrière principale pour l’accès aux soins de santé. Par ailleurs, il faut noter que les populations déplacées du centre sont, dans la quasi-totalité, accueillies par les populations locales qui sont déjà vulnérables et aux moyens limités.

3- Comme vous le décrivez, le projet de Niono se situe dans une région touchée par la crise sécuritaire du Mali. Quel est l’impact sur les opérations de MSF ?
Pour que MSF puisse travailler dans la zone, c’est important qu’on l’accepte. On voit qu’après notre sensibilisation de masse auprès de la population et des autres acteurs une bonne partie de la population sait qui on est, pourquoi on est là et ce qu’on représente – les soins de qualité et gratuits pour la population cible, sans discrimination. Nous sommes conscients des risques et des défis à relever, mais nous espérons pouvoir continuer à assister les populations en besoin, tout en gardant nos équipes et nos patients en sécurité.

4- Le projet a atteint ses premiers mois d’intervention, quel bilan tirez-vous ?
MSF reste optimiste et avec la sensibilisation de masse au niveau communautaire on priorise étant plus proche de la population afin qu’elle comprenne qu’elle peut bénéficier de l’offre de gratuité. Le démarrage des activités au niveau des centres a permis aux bénéficiaires de parler de la présence de l’équipe motivée de MSF et la prise en charge gratuite. On constate que les mères amènent plus rapidement leurs enfants aux structures de santé ou nous travaillons, avant qu’ils ne tombent gravement malades.
Notre intervention ne s’arrête pas à Niono, nous avons également mené et mènerons des évaluations dans d’autres localités au besoin. Dans la ville de Ségou, nous avions pris en charge des déplacés malades du centre, et nous restons en contact avec les autorités sanitaires de la région pour tout besoin de problème de santé.

Lamine KEITA
MSF - Mali
Quartier Korofina | Sud Rue 96 | Porte 737 | Bamako
Tel. Mobile : (+223) 82 99 07 68

 
 
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