Porté disparu depuis 10 mois, confirmation vient d’être faite que le journaliste Samuel WAZIZI [photo] ne vit plus. Décédé à l’hôpital de la garnison militaire de Yaoundé, des suites d’une infection généralisée (version officielle). Les journalistes se mobilisent pour réclamer une enquête, pour faire la lumière sur les circonstances de son interpellation, de sa détention et de son décès.
Le président du Syndicat national des journalistes du Cameroun (SNJC), Dénis Kwebo, est formel : « Le SNJC confirme la mort de Samuel Wazizi. Il est décédé à l’hôpital militaire de Yaoundé, où il a été transféré après plusieurs mois de torture… ». De toute évidence, le journaliste a succombé des conséquences de ses conditions de détention. Au moment de son interpellation, Samuel Wazizi était journaliste au Chillen Media Télévision (CMTV) à Buea, chaîne de télévision qui l’employait et sur laquelle, il présentait une émission très prisée, en langue pidgin.
MOBILISATION DES JOURNALISTES
Des journalistes sont descendus dans les rues de Buea, ville capitale de la région du Sud-ouest du Cameroun, ce jeudi matin, pour demander que justice soit faite sur ce qui est arrivé à ce journaliste arrêté en août 2019, accusé de complicité avec les sécessionnistes et torturé à mort dans les services des forces de défense camerounaises. La manifestation à laquelle prenaient part de nombreux journalistes, était organisée par Cameroon associaitation for English speaking Journalists (CAMASEJ), l’association des journalistes d’expression anglaise. La confirmation du décès du journaliste présentateur TV, Samuel Wazizi, a été faite d’abord par EQUINOXE TV, une chaîne de télévision privée à forte audience au Cameroun, puis par d’autres sources. Pourtant, depuis l’arrestation de Samuel Wazizi, ni ses Avocats, ni sa famille, ni collègues et confrères, n’avaient accès à lui. Les journalistes manifestants de ce jeudi ont été reçus par le Gouverneur du Sud-Ouest, Monsieur OKALIA BILAI Bernard, qui a déclaré malicieusement que, « …c’est seul le gouvernement de la république qui pourrait se prononcer sur le cas de ce journaliste ». Samuel WAZIZI travaillait pour une télévision basée à Buea. Le gouverneur a ajouté qu’il ne sait pas ce qui est arrivé à Samuel Wazizi, qui était poursuivi dans le cadre de ses activités de journaliste : « …il avait été arrête et transféré à Yaoundé en pleine forme ».
RSF, SNJC, CAMESEJ MOBLISES
Le SNJC et CAMASEJ demandent une commission d’enquête sur le cas de Samuel WAZIZI. Les deux regroupements de journalistes ont fait une déclaration dans laquelle ils donnent au gouvernement jusqu’à fin de cette première semaine de juin, pour communiquer sur cette bavure de trop. Selon toute vraisemblance, le journaliste, aurait été torturé à mort au secret, dans les services des forces de sécurité du pays. Les deux regroupements de journalistes ont créé un collectif dénommé « JUSTICE FOR WAZIZI » et dénoncent un « assassinat » et un « comportement revanchard du pouvoir » vis à vis du journaliste.
Après son arrestation le 07 août 2019, par la police dans la région anglophone du Sud-Ouest Cameroun, il avait été transféré dans les locaux de la 21ème brigade militaire d’infanterie de Buea. Il était soupçonné de complicité avec les séparatistes. Et accusé d’avoir tenu des propos très critiques, lors d’une émission sur le plateau de sa chaîne TV, à l’égard des autorités et de leur gestion de la guerre entre l’armée régulière et les séparatistes anglophones du Cameroun.
Le responsable du bureau Afrique de Reporter Sans Frontières (RSF), Arnaud Froge, a déclaré que : « La mort de ce journaliste détenu au secret par des militaires en dehors de toute procédure légale est la pire exaction commise contre un professionnel de l’information depuis dix ans au Cameroun… ». Pour lui : « Rien ne justifiait la détention d’un journaliste dans une caserne et rien ne peut excuser sa mort ! Les circonstances très troubles de cette affaire restent à éclaircir. Le journaliste est-il mort des conséquences de sévices subis pendant sa détention comme le craignent ses avocats ? Etait-il malade et privé de soins appropriés comme l’a laissé entendre une source militaire contactée par RSF ? ». La réaction officielle du gouvernement camerounais reste toujours attendue.
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