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Chef Aby | Africain.info | mercredi 8 mai 2019
Alors que le Haut commissaire des Nations-unies aux droits de l’homme, Michelle BACHELET vient d’achever une visite de travail au Cameroun, le Conseil de sécurité de l’ONU convoque une réunion sur le Cameroun. Avant cela, l’ONG « International Crisis Group » a publié un rapport de la situation humanitaire dans les régions anglophones du Cameroun. Accablé, le gouvernement camerounais crie une fois de plus, à l’ingérence.
La situation sécuritaire au Cameroun est des plus préoccupante. Le pays est sur au moins trois fronts de guerre :
- dans ses régions du Nord, c’est la guerre contre Boko Haram, le mouvement insurrectionnel et terroriste d’idéologie salafiste djihadiste nigérian,
- à l’Est il faut contenir des rebelles et des réfugiés de la guerre en République Centrafricaine,
- dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, c’est de plus en plus chaud avec une crise sociopolitique née en octobre 2016, qui s’est muée fin 2017 en conflit armé.
Sept milices armées sont actuellement en position de force dans la majorité des localités rurales. Les forces de sécurité ont mis du temps à organiser leur riposte, mais depuis mi-2018, elles infligent des pertes aux séparatistes. Elles ne parviennent pourtant pas à reprendre entièrement le contrôle des zones rurales, ni à empêcher les attaques récurrentes des séparatistes dans les villes, avec des incursions dans les régions de l’Ouest et du Littoral.
Répression musclée de la contestation
C’est dans ce climat incertain que des diplomates de tous niveaux défilent au Cameroun, pour essayer de faire leur propre constat de la situation, dénoncer et proposer des solutions de sortie de crise. Des différentes organisations des droits de l’homme, la chambre de députés européens, la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, le représentant spécial de l’Union européenne pour les droits de l’homme, le Conseil ACP-UE, les Etats-Unis, le Canada, la Suisse, le Vatican, France, Allemagne et Royaume-Uni, le Commonwealth, l’Union africaine, entre autres, se sont tous saisis de la situation du Cameroun. Le président camerounais est resté sourd à leurs interpellations et propositions de solutions pour l’aider à sortir son pays de l’impasse.
A cette situation insécuritaire, il faut ajouter l’autre crise né des récentes élections présidentielles, que l’opposition conteste toujours les résultats, proclamé en faveur de Paul Biya, président sortant, qui est au pouvoir depuis 37 ans. Un des candidats de l’opposition arrivé second, Maurice Kamto, croupit depuis quatre mois en prison, avec plus d’une centaine de ses militants et leaders alliés, pour avoir organisé des manifestations publiques pour contester ces résultats.
Yaoundé voit la manipulation et l’ingérence
C’est dans ce contexte qu’à la suite du sous-secrétaire d’état américain aux Affaires africaines, Tibor Nagy, le Haut Commissaire des Nations-unies aux droits de l’Homme, Madame BACHELET, ancienne Présidente du Chili, a effectué en fin de semaine dernière, une visite de travail au Cameroun. Sa rencontre sous tension avec les acteurs politiques du pays, lui a donnée de conclure que « … il existe une possibilité, même si elle est restreinte, de mettre fin aux crises qui ont entraîné le déplacement de centaines de milliers de personnes, ainsi que des meurtres et des violations des droits de l’homme dans le nord et l’ouest du pays ».
De son côté, sans attendre l’issue de la visite au Cameroun de la cheffe des droits de l’homme, le Conseil de sécurité de l’ONU a annoncé qu’il se réunira le 13 mai prochain, pour « …examiner la situation du Cameroun, secoué depuis 2017 par un conflit armé entre séparatistes anglophones et l’armée régulière ».
Pendant ce temps l’ONG « International Crisis Group » a publié le 2 Mai, un rapport qui révèle que lors de vingt derniers mois seulement, « …le conflit a fait 1850 morts, 530 000 déplacés internes et des dizaines de milliers de réfugiés. L’intransigeance des belligérants risque de générer de nouvelles violences et de prolonger le conflit, qu’aucun camp ne semble en mesure de remporter militairement dans la courte durée ».
Le rapport d’International Crisis Group, propose de nombreuses pistes de sortie de crise, mais malheureusement, Yaoundé qui trouve le rapport très accablant, panique et dénonce comme d’habitude, la manipulation et l’ingérence dans ses affaires.
CHEF ABY