Par
Chef Aby | Africain.info | vendredi 14 novembre 2025
L’équipe nationale de football du Cameroun a été éliminée ce jeudi, de la course à la prochaine coupe du monde qui se jouera l’année prochaine au Canada, au Mexique et aux États-Unis. Les Lions Indomptables ont été battus par la RDC sur le score de zéro but contre un (0-1), lors du match de barrage qui s’est joué au Maroc. Cette défaite a provoqué une onde de choc au Cameroun.
Pour de nombreux observateurs, cette débâcle sportive n’est que le dernier symptôme d’un mal plus profond : la gestion chaotique, opaque et prédatrice imposée par les dirigeants actuels de la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT).
UNE ELIMINATION ANNONCEE
Depuis sa prise de pouvoir en décembre 2021, comme président de la FECAFOOT, Samuel Eto’o avait promis de « révolutionner » le football camerounais. Trois ans plus tard, le bilan sportif est mauvais : Elimination précoce à la CAN en Côte d’Ivoire, l’absence de planification pour les jeunes catégories, conflits permanents entre la fédération et le staff technique, instabilité chronique des sélections, interventions intempestives dans les choix d’entraîneurs et de joueurs…
L’élimination pour le Mondial 2026 apparaît ainsi comme la conséquence logique d’une gestion improvisée, capricieuse et centrée sur l’image personnelle du président de la FECAFOOT, que Etoke Jean Alain, député jeune, qualifie de « prédateur financier ».
UN PUITS SANS FOND
Selon ce jeune député, spécialiste de sport : « Derrière le vernis médiatique, les enquêtes internes et les témoignages accablants s’accumulent. Plusieurs sources à la FECAFOOT et au ministère des Finances décrivent une véritable machine de détournement, structurée autour de contrats opaques, d’intermédiaires douteux et de surfacturations systématiques ». Pour l’homme politique : « les subventions de l’État, sont devenus un puits sans fond. Chaque année, l’État du Cameroun injecte des centaines de millions dans le football. Sous la mandature actuelle, ces fonds n’auraient jamais été justifiés correctement. Entre per-diem fantômes, billets d’avions surfacturés, primes fictives, les dépenses ont explosé ». Des sponsors aspirés dans un trou noir : « Plusieurs partenaires privés dénoncent en coulisses une gestion personnelle des fonds de sponsoring, en violation totale des normes comptables. L’affaire « One All Sports », ce contrat d’équipementier attribué dans l’opacité totale, reste l’exemple le plus cité : pas d’appel d’offres, des commissions occultes, des contrats gardés secrets, l’absence de traçabilité financière. » Il révèle que les subventions aux clubs sont devenues un instrument de chantage : « De nombreux présidents de clubs affirment que les subventions ne sont versées qu’à condition de manifester publiquement leur loyauté envers Samuel Eto’o. D’autres parlent de retraits arbitraires, voire de menaces. »
CLIMAT DE TERREUR ADMINISTRATIVE
De l’avis du spécialiste : « la FECAFOOT est aujourd’hui décrite par ses propres employés comme un « bunker » où règnent la peur, la surveillance et les représailles. Licenciements abusifs, menaces à peine voilées, interventions personnelles du président sur tous les dossiers, y compris les plus insignifiants : la gouvernance à la tête de la FECAFOOT s’apparente à une dictature administrative, dont le principal résultat est la paralysie des projets structurants. Pendant que l’argent disparaît dans les circuits opaques, la réalité sur le terrain est catastrophique : des stades abandonnés, des championnats professionnels privés de financement, des clubs au bord de la faillite, des primes impayées, l’absence totale de politique de formation. Le football local, qui aurait dû constituer la base de la performance nationale, est réduit à sa plus faible expression... »
Pour des personnes attentives, l’élimination du Cameroun du Mondial 2026, n’est pas un accident : c’est le produit d’une mauvaise gestion à la fédération où le sport, la performance et l’intérêt national ont été sacrifiés au profit de l’image d’un homme et de ses intérêts financiers.
François ABY