Gsef Bordeaux 2025
Par François Aby, envoyé spécial à Bordeaux
Du 29 au 31 octobre 2025, la ville de Bordeaux a été l’épicentre de l’Economie sociale et solidaire (Ess) mondiale, accueillant le 7e Forum mondial du Global social economy forum (Gsef). Malgré une délégation camerounaise décimée par les défis sociopolitiques, nés de la dernière élection présidentielle, et les difficultés récurrentes d’obtention de visas Schengen auprès des consulats français au Cameroun, sa présence réduite mais hautement stratégique a marqué les esprits, le positionnant comme un acteur-clé de l’Ess africaine. Le Gsef 2025, qui a succédé à l’édition de Dakar, il y a deux ans, avait pour objectif de définir l’Ess comme la "norme qui régulera l’économie de demain", plaçant le primat de l’humain et du projet collectif sur le capital.
Invités à participer à cet événement majeur – qui a réuni 10 800 participants de 907 villes et 109 pays venus des cinq continents – une quarantaine de maires camerounais étaient attendus. Cependant, moins de dix ont pu effectuer le déplacement. Malgré cette réduction des effectifs, la petite cohorte arrivée à Bordeaux s’est révélée être une des attractions majeures du Forum. Entre expositions dynamiques, interventions remarquées en ateliers, signatures d’accords de partenariat et réunions cruciales avec des bailleurs de fonds, la délégation a maximisé son impact, illustrant la vitalité de l’Ess camerounaise.
A Bordeaux, comme à la maison
L’aura du Cameroun à Bordeaux a été considérablement renforcée par la présence de Pierre-de-Gaëtan Njikam Mouliom, figure politique respectée et élu de cette importante ville, depuis plusieurs mandats. Conseiller métropolitain, par ailleurs ancien maire-adjoint sous Alain Juppé, son mentor et ancien Premier ministre de la France, devenu membre du Conseil constitutionnel depuis mars 2019.
L’influence de ce "Nji" à la cour royale Bamoun, dans la Région de l’Ouest-Cameroun, Pierre-de-Gaëtan Njikam, a permis à la délégation camerounaise de jouir d’un accueil privilégié, et d’être à Bordeaux comme à la maison. C’est ainsi que de nombreuses portes lui ont été ouvertes, faisant de Bordeaux leur "seconde patrie", le temps du Forum.
Pour rappel, les statistiques de 2022, présentent Bordeaux comme la neuvième Commune de France, avec 265 328 habitants, et son unité urbaine est la sixième du pays, avec 1 022 534 habitants. C’est l’une des plus grandes métropoles européennes. Située au carrefour de l’océan Atlantique, de la forêt des Landes et de l’estuaire de la Gironde, traversée par la Garonne, la position centrale de Bordeaux sur les itinéraires commerciaux, terrestres et fluviaux, au cœur d’une riche région viticole, en a fait une des principales villes de France et du continent.
Au cœur du salon, le stand A27 du Feicom (Fonds spécial d’équipement et d’intervention intercommunale), magnifiquement décoré, a été l’un des plus visités. Animé par Jean-Aloïs Biwolé Enguené, représentant le directeur général (Dg) du Feicom, Akoa Camille (qui n’a malheureusement pas effectué le voyage de Bordeaux), il a servi de plateforme pour présenter les opportunités et projets d’investissement des Communes camerounaises. On pouvait y retrouver toutes les informations, renseignements et documentation sur les opportunités et projets de d’investissement des différentes communes du Cameroun.
Le Cameroun au sommet des échanges
Le Forum de Bordeaux a annoncé des couleurs, à travers une conférence de presse donné par Pierre Hurmic, maire de Bordeaux et président du Forum mondial de l’Ess (Gsef) ; Alain Rousset, président du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine ; Jean-Luc Gleyze, président du Conseil départemental de la Gironde ; Alain Garnier, vice-président de Bordeaux Métropole à l’Ess ; et Benoît Hamond, ancien ministre et président international du Css, le 28 octobre 2025, au Hangar 14, quai des Chartrons.
Le 29 octobre, le Forum proprement dit a commencé au Palais 2 l’Atlantique, par l’ouverture du Salon du Forum, suivie de la cérémonie protocolaire d’ouverture, agrémentée par un important message du chef de l’Etat français, Emmanuel Macron, pour terminer par les différents ateliers dans une quinzaine de sale. Ateliers dans lesquels les participants camerounais ont été très actifs. Notamment à la grande plénière du 30 octobre sur « L’avenir passe par les territoires : témoignage de maires et de gouvernements locaux », avec l’intervention de Mme Ayi Monique, maire de Dzeng au Cameroun et présidente du Remsess (Réseau des maires du Cameroun pour l’Ess), aux côtés du ministre belge de l’Environnement, les Solidarités, l’Economie sociale…, du maire de la ville de Palu en Indonésie, du maire de Strasbourg en France, du maire de la ville de Dakah au Bangladesh…
La veille, c’est l’autre camerounais, Mondoué Roger du comité scientifique du Fora’Ess, qui était le modérateur de la table-ronde sur la « Création de l’observatoire africaine de l’Ess : enjeux et structuration », pendant que Mme Eyebé Effa Pauline, de l’Ong Pfac, était intervenant. Le 29 octobre, sur la table-ronde Parcours 1 « Municipalité et Ess : vers des territoires coopératifs et engagés », Biwolé Jean-Aloïs était le principal intervenant. Il a saisi cette opportunité pour démontrer avec beaucoup de brio, comment le Feicom, créé le 05 décembre 1974, s’emploie à rechercher des ressources supplémentaires, dans le cadre de la Coopération financière nationale ou internationale, en vue de mieux accompagner les municipalités dans la conception et la réalisation des projets au niveau local, et développer l’Ess, afin que ces collectivités puissent porter un projet de transformation sociale.
Un précieux accord structurant avec Efracam
Le point d’orgue du séjour a été la cérémonie de signature d’une Convention de partenariat entre le Remsess et l’association Efracam (association des élus politiques et professionnels en France d’origine camerounaise). Paraphé sous "l’arbre à palabre" au centre du salon, l’accord a été officialisé par Mme Ayi Monique épse Nkamgna (présidente du Remsess) et Pierre De Gaétan Njikam (président d’Efracam). En présence, côté camerounais, de Biwolé Jean-Aloïs, représentant du Dg du Feicom ; du maire de Mbanga, Mme Ejake née Endallè Henriette ; du maire de Bare-Bakem, Mme Nkoué Lisette ; du maire de Meri dans la Région de l’Extrême-nord du Cameroun, sa majesté Hamawa Wassili ; d’un expert technique au ministère français de la Décentralisation et du Développement local, Tristan Routier ; de Betchem A Meynick Jean Paul, secrétaire permanent du Remcess.
Du côté français d’Efracam, il y avait entre Mme Ansel Maxence, conseillère régionale d’Ile-de-France et vice-président d’Efracam ; Hermine Rigaud, maire-adjointe de la ville de Chevilly-Larue, en région parisienne et trésorière d’Efracam ; Pauline Anamba-Onana, élue de la ville de Créteil (France) et trésorière-adjointe d’Efracam ; Félix Akono, élu de Pompignac (France) ; Thierry Nitcheu, Maire-adjoint ville de Saint-Etienne ; Sabine Ngo Mahop, élue de la ville de Sceaux (France) ; Yannick Kwetchoua, élu professionnel ; Sylverin Kmmoe, adjoint au maire de la ville de Gerzat (France) ; Vivien Gatchuesi Fegueng élu la ville de Corbas près de Lyon (France).
On retiendra que cet accord, signé en présence de plusieurs maires camerounais (Mbanga, Bare-Bakem, Dzeng et Meri) et d’élus d’Efracam, vise à établir les bases d’une coopération structurante pour le développement de l’Ess et des municipalités camerounaises.
Le Forum Gsef Bordeaux 2025 a été clôturé par Serge Papin, ministre français des Petites et moyennes entreprises, du Commerce et de l’Artisanat. Mais le séjour de la délégation camerounaise s’est achevé sur une note conviviale et culturelle, marquée par une soirée offerte par Nji Pierre-De-Gaëtan Njikam, après une autre séance de travail avec Efracam, histoire de définir les bases de leur partenariat. Puis s’est ensuivie une visite guidée de la spectaculaire Cité du vin de Bordeaux, avec son monument qui domine la ville, offrant une immersion dans la diversité viticole mondiale.
En réalité, visiter la Cité du vin, c’est avant tout effectuer un voyage à la découverte du vin. C’est aussi visiter son musée qui regorge de nombreux atouts ! L’architecture audacieuse du bâtiment, les expositions temporaires, le rooftop, ses jardins végétalisés, la programmation culturelle, en font un lieu de vie incontournable. C’était tant mieux pour la délégation qui a flâné, visité, découvert ce lieu unique qui dévoile toutes les richesses et la diversité viticole mondiale. Tantôt définie comme le phare de l’œnotourisme bordelais ou le totem de Bordeaux, la Cité du vin a vraiment séduit la délégation ! Le Prochain Forum GSEF sera organisé à Marica au Brésil en 2027.
François ABY