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Le Cameroun de nouveau sous la menace des sanctions de l’Union européenne

Par Chef Aby | Africain.info | dimanche 21 avril 2019
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DROIT DE L’HOMME ET DEMOCRATIE

Le parlement européen, à travers une résolution rendue jeudi dernier en treize points, interpelle le gouvernement et le parlement camerounais, sur les questions d’insécurité, de droits de l’homme et démocratie dans ce pays, qui compte déjà des milliers de morts avec des déplacés internes et exilés, ainsi que l’embastillement des centaines d’hommes politiques de l’opposition.

Emboitant le pas aux Etats-Unis d’Amérique, à l’Union Africaine et aux Nations Unies, le parlement de l’Union européenne, au nom de ses 27 états, a envoyé une sommation le 18 avril 2019 au Cameroun, pour qu’un terme soit mis sur les crises sociales en cours dans plusieurs régions du pays depuis trois ans, ainsi que la crise postélectorale, suite aux élections présidentielles d’octobre 2018, élections dont la contestation des résultants a conduit à l’arrestation et la détention prolongée du leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC, principal parti d’opposition), avec ses alliés et militants. Aujourd’hui la persistance des violences et des violations des droits humaines dans les régions anglophones du pays qui connaissent une situation de crise sécessionniste, serait à l’origine d’un « nombre inacceptable de victimes et un impact lourd en termes humanitaire et économique », pour reprendre l’expression des hauts responsables de l’Union européenne et des Etats-Unis d’Amérique.

Le Parlement Européen, « déplore les actes de torture, les disparitions forcées et les exécutions extrajudiciaires perpétrées par les forces de sécurité comme par les séparatistes armés ; exprime ses vives préoccupations face aux actions des forces gouvernementales lors des violences ; demande aux forces de sécurité de respecter le droit international en matière de droits de l’homme lors de leurs opérations et invite le gouvernement camerounais à prendre des mesures immédiates afin de mettre un terme aux violences et à l’impunité dans le pays ».

La démocratie et la liberté d’expression en péril

Il condamne le recours excessif à la force contre les manifestants et les opposants politiques, ainsi que les violations de la liberté de la presse, de la liberté d’expression et de la liberté de réunion ; regrette profondément l’arrestation et l’incarcération du Pr Maurice Kamto, (challenger principal de Paul Biya) et d’autres manifestants pacifiques ; demande aux autorités camerounaises de libérer immédiatement ce leader politique et toutes les autres personnes détenues pour des chefs d’inculpation de nature politique, arrêtées avant et après l’élection présidentielle d’octobre 2018.

Dans l’un des points de la résolution du parlement européen, il est demandé au gouvernement camerounais de mettre un terme au harcèlement et à l’intimidation des militants politiques, notamment en levant l’interdiction des rassemblements et des manifestations politiques pacifiques, et de prendre des mesures énergiques contre les discours de haine ; Rappelant que les tribunaux militaires ne devraient aucunement avoir compétence pour juger des civils ; rappelle également au pouvoir de Yaoundé qu’il a signé des traités internationaux visant à protéger le droit de tous les citoyens à des procès équitables, devant des tribunaux indépendants.

Le Parlement Européen dit exprimer son « inquiétude face à l’incapacité du gouvernement camerounais à responsabiliser ses forces de sécurité, car cette déresponsabilisation a aggravé les violences et a généralisé la culture de l’impunité ; plaide pour que soit menée une enquête indépendante et transparente sur l’usage de la force par la police et les forces de sécurité contre les manifestants et les opposants politiques, et demande que les responsables soient jugés équitablement ». Il exhorte le gouvernement camerounais à prendre toutes les mesures qui s’imposent pour assurer le respect de ses engagements en faveur des droits de l’homme et pour enrayer le cycle de la violence ; « demande aux dirigeants du pays d’organiser un dialogue politique ouvert à toutes les tendances, afin de trouver une solution pacifique et durable à la crise dans les régions anglophones ; demande à la communauté internationale d’offrir des services de médiation afin de faciliter ce dialogue national pour la paix ».

Des menaces fermement exprimées

Très fermement, les députés européens dénoncent le manque de volonté des parties en conflit dans le Nord-ouest et Sud-ouest du pays, à s’engager dans des pourparlers de paix ; insiste auprès de l’Union africaine et de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale pour qu’elles s’emploient à convaincre le Cameroun d’organiser de tels pourparlers ; demande à l’Union européenne de se tenir prête à soutenir ce processus ; estime qu’à défaut de progrès à ce niveau, la crise au Cameroun devra être portée à l’attention du Conseil de sécurité des Nations unies ; demande également à l’Union européenne d’utiliser les leviers de l’aide au développement et de ses autres programmes bilatéraux avec le Cameroun pour amener ce pays à améliorer la protection des droits de l’homme.

Sur le neuvième point de sa résolution du 17 avril à Strasbourg, les élus exhortent le régime de Yaoundé à bâtir rapidement une véritable démocratie représentative et vivante ; lui demandent à cette fin de convoquer tous les acteurs politiques pour procéder à une révision consensuelle du système électoral, afin d’en faire un processus libre, transparent et crédible ; demandent que cette révision soit effectuée avant toute nouvelle élection, afin de promouvoir la paix et d’éviter les crises postélectorales ; invitent l’Union européenne à intensifier son assistance technique en faveur du Cameroun pour soutenir ses efforts de renforcement des procédures électorales dans le sens de la démocratie ; indiquent qu’une société civile dynamique et indépendante est indispensable à la protection des droits de l’homme et au respect de l’état de droit ; font part de leur inquiétude face à l’interdiction des activités du groupement de la société civile anglophone du Cameroun ; excitent le gouvernement à lever cette interdiction et à ouvrir un espace de libre expression à la société civile.

Plus de rigueur pour l’aide de l’UE au Cameroun

Le parlement européen s’est également dit préoccupé par l’utilisation de la loi antiterroriste de 2014 à mauvais escient, pour limiter les libertés fondamentales ; appuie les demandes des experts des Nations unies, qui préconisent une révision de cette loi afin qu’elle ne puisse être utilisée pour restreindre le droit à la liberté d’expression, à la liberté de rassemblement pacifique et à la liberté d’association et, prenant acte de la décision des États-Unis de réduire son aide militaire au Cameroun à la suite des allégations crédibles de violations flagrantes des droits de l’homme commises par les forces de sécurité, a demandé à la Commission d’effectuer une évaluation de l’aide de l’Union européenne aux services de sécurité camerounais à cet égard et d’en rendre compte au Parlement européen ; a demandé à l’Union et à ses États membres de veiller à ce qu’aucune aide accordée aux autorités camerounaises ne puisse contribuer à des violations des droits de l’homme ni les faciliter.

A la fin de leurs travaux, les députés européens ont expressément demandé au Président de la chambre, de transmettre la résolution ainsi prise au Conseil, à la Commission européenne, à la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, au représentant spécial de l’Union européenne pour les droits de l’homme, au Conseil ACP-UE, aux institutions de l’Union africaine, ainsi qu’au gouvernement et au parlement du camerounais.

Il faut dire qu’avant ces mesures de l’instance parlementaire européenne, la communauté internationale n’a sans cesse exprimé son inquiétude sur la détérioration de la situation politique et sécuritaire au Cameroun. Mais le président camerounais, Paul Biya, au pouvoir depuis 37 ans, estime que ces alertes ne sont que des « graves velléités d’immixtion à peine voilée et inadmissible, dans les affaires intérieures du Cameroun ».

François ABY DONFACK
Correspondant en France

 
 
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