La reprise post-pandémie de l’Afrique sera probablement longue et irrégulière, mais elle pourrait aussi être transformatrice.
La pandémie de Covid-19 a sans aucun doute affecté l’amélioration générale des scores de risque et de performance observés sur le continent africain ces dernières années, mais cela ne doit pas décourager les investisseurs
Control Risks, cabinet de conseil spécialisé dans la gestion des risques, et NKC African Economics, cabinet international de conseil indépendant et la filiale d’Oxford Economics spécialisée dans les questions africaines, ont publié aujourd’hui la cinquième édition de l’Africa Risk-Reward Index.
L’indice offre un aperçu comparatif des opportunités et des risques du marché sur l’ensemble du continent. Il fournit une perspective fiable à long terme des principales tendances qui caractérisent l’écosystème des investissements dans les principales économies africaines, et pourrait étayer les stratégies des organisations désireuses d’investir ou de développer leurs activités en Afrique. Les investisseurs recherchant à minimiser les risques et à maximiser les bénéfices sont invités à ne pas se focaliser sur les gros titres, mais plutôt à comprendre les contextes spécifiques aux pays, secteurs et projets qui les concernent.
La pandémie de COVID-19 a sans aucun doute affecté l’amélioration générale des scores de risque et de performance observés sur le continent africain ces dernières années, mais cela ne doit pas décourager les investisseurs. Le relèvement de l’Afrique pourrait être long et irrégulier, mais il pourrait aussi avoir un effet transformateur.
L’énorme coût économique de la pandémie a provoqué une baisse universelle de nos scores de performance, mais l’impact sur les scores de risque s’est avéré plus hétérogène. L’Ethiopie a connu les plus fortes baisses de notation car les problématiques induites par la COVID-19 s’ajoutent à l’escalade des tensions ethniques dans le contexte d’une élection repoussée. La note de risque de l’Égypte est restée relativement stable, mais sa note de performance a été durement touchée par le triple coup de la pandémie, de la faiblesse des prix du pétrole et de la chute des revenus du tourisme. Le score de risque de l’Algérie a progressé depuis les manifestations de masse et les élections historiques de 2019, mais les défis pour son économie, dépendante du pétrole, ont encore fait baisser son score global.
« La pandémie de COVID-19 est une crise mondiale, mais la reprise sera plus lente et irrégulière sur le continent », prévient Barnaby Fletcher, directeur associé de Control Risks. « Toutefois, cette reprise permettra aux gouvernements à travers le continent de s’attaquer aux contraintes structurelles et de promouvoir de nouvelles stratégies. Nous observons déjà des progrès en ce sens, et pour les investisseurs, cela implique des opportunités intéressantes ».
Cette édition 2020 de l’Africa Risk-Reward Index analyse les implications à long terme de la COVID-19 en Afrique. Le premier article examine l’impact à plus long terme de la COVID-19 et envisage le contexte post-pandémique, tandis que le second explore le rôle que les technologies africaines peuvent jouer dans la redynamisation des industries plus traditionnelles. Le dernier article couvre les tentatives croissantes des acteurs internationaux et nationaux pour instrumentaliser le débat public en Afrique par des opérations d’influence et des campagnes de désinformation, et les risques qu’elles font courir aux entreprises commerciales.
Post-pandémie : Impact de la COVID-19 et perspectives de redressement de l’Afrique
L’impact immédiat de la COVID-19 fera subir à l’Afrique sa première récession en 25 ans, mais le plus inquiétant est le manque de marge de manœuvre budgétaire dont disposent les gouvernements africains pour engager des dépenses inhérentes à la relance. Pour de nombreux pays, la reprise économique devra être menée par un secteur privé déjà affaibli et encore fragilisé par la pandémie.
« L’impact économique de la COVID-19 sera variable, mais la reprise le sera encore plus », déclare Jacques Nel, responsable de la macroéconomie africaine chez NKC African Economics. « Les optimistes espèrent assister à une relance sans pareil à l’heure où les gouvernements lancent des réformes plus que nécessaires, tandis que les pessimistes prédisent un continent régressant de plus d’une décennie. La réalité se situera quelque part entre les deux, chaque pays trouvant une place unique sur cet échiquier ».
Toutefois, certains éléments indiquent déjà que cette crise sans précédent a engendré des réformes salvatrices. Dans un contexte mondial instable, les gouvernements africains ont un besoin urgent de développer la production en aval, les chaînes d’approvisionnement régionales et les marchés de capitaux nationaux. Il semble également qu’une grande partie de la main-d’œuvre intègre l’économie formelle pour accéder au soutien financier du gouvernement et faire face aux mesures d’endiguement de la pandémie. Certaines de ces tendances ont vu le jour avant l’apparition de la pandémie, mais la COVID-19 semble les avoir accélérées. Les investisseurs qui restent en Afrique malgré le ralentissement actuel auront non seulement un rôle important à jouer dans sa reprise, mais ils y verront aussi des changements et des opportunités prometteuses.
L’élément catalyseur : Ou comment l’Afrique utilise les nouvelles solutions numériques pour redynamiser les industries traditionnelles
Les investissements en faveur des technologies africaines ont atteint des niveaux record ces dernières années. Ils devraient diminuer en 2020, conséquence des récentes difficultés du secteur et de l’impact de la COVID-19 sur le financement extérieur. Toutefois, toute baisse de ce type doit être considérée comme une occasion de repenser les attentes et les méthodes de chacun, et non comme une indication selon laquelle les secteurs concernés seraient moins attrayants.
La COVID-19 a permis de mettre en évidence la nécessité de solutions technologiques et numériques sur tout le continent. Elle a suscité le développement d’applications de santé pour aider à lutter contre la pandémie, de plateformes de commerce électronique pour faciliter la vie en situation de confinement, et de nouveaux systèmes de paiement et de micro-assurance.
Le numérique et la technologie sont appelés à jouer un rôle bien plus important qu’auparavant dans l’avenir post-pandémique de l’Afrique. La vague de travailleurs et d’entreprises informels qui entrent dans l’économie officielle devra avoir accès à des services financiers et juridiques de base, qui seront probablement fournis par des plateformes en ligne ou mobiles. Les solutions numériques peuvent également contribuer à faciliter la tendance croissante vers la création de chaînes d’approvisionnement régionales.
Méthodologie
L’Africa Risk-Reward Index est défini par la combinaison des scores de risque et de performance, en intégrant l’analyse du risque économique et politique par Control Risks et NKC African Economics, filiale d’Oxford Economics centrée sur l’Afrique.
Les scores de risque de chaque pays proviennent de l’évaluateur des risques économiques et politiques (EPRE), tandis que les scores de performance intègrent les prévisions de croissance économique à moyen terme, la taille et la structure économique, et la démographie.
L’Africa Risk-Reward Index 2020 et les graphiques peuvent téléchargés ici : https://bit.ly/3hwa13P
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