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COOPERATION CAMEROUN – USA. Sale temps pour le président Biya et risque de partition du Cameroun

Par Chef Aby | Africain.info | vendredi 6 décembre 2019
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La Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP), emboîte le pas aux Américains, pour condamner la méthode de la force militaire, choisie par le gouvernement camerounais, pour résoudre les différentes crises qui secouent son pays.

Depuis novembre 2016, le Cameroun traverse une violente crise séparatiste dans ses deux régions anglophones. Le bilan à ce jour est désastreux : plus de 3 000 morts selon international « International Crisi Group », 530.000 déplacés internes, 35.000 réfugiés à l’étranger et environ deux millions de personnes aujourd’hui dans une situation d’insécurité alimentaire. A cette crise s’est greffée la contestation des résultats d’élection présidentielle organisée dans le pays en octobre 2018, avec la victoire attribuée au président sortant, Paul Biya au pouvoir depuis le 6 novembre 1982 à plus de 71%. Le pays avait déjà maille à partir dans ses régions du Nord et de l’Est, avec les affres de la secte islamiste Boko Haram à la frontière avec le Nigéria, d’une part, et les débordements de la crise sécuritaire en République Centrafricaine, d’autre part.

L’EXCLUSION DE L’AGOA EN EMBARGO ECONOMIQUE
Devant la difficulté du gouvernement camerounais à résoudre définitivement ces crises humanitaires, plusieurs organisations internationales et grandes puissances, n’ont eu de cesse de proposer des pistes de solutions de sortie de crises, qui sont restées inaudibles côté camerounais. La plus récente de ces interpellations c’est celle de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP), qui vient de dénoncer et condamner le nombreuse « violations flagrantes et insoutenables des droits de l’homme au Cameroun en général et dans ses régions anglophones du Nord-ouest et sud-ouest en particulier ». Il ya trois semaines, c’est le Gouvernement américain qui accentuait sa pression sur le président camerounais Paul Biya, en rendant exécutoire sa décision de suspension du Cameroun des avantages de la loi AGOA, sur le développement des échanges commerciaux entre les Etats-Unis et le Cameroun. L’African Growth and Opportunity Act (AGOA) est a été adoptée en mai 2000 par le Congrès américain et signée par le président Bill Clinton. Il est important de rappeler qu’en 2018, selon les chiffres de US Embassy à Yaoundé, les exportations camerounaises en direction du pays de Donald Trump, étaient de 220 millions de dollars, dont 63 millions de dollars dans le cadre de l’AGOA.

LES PRIX DE L’ENTETEMENT POLITIQUE

Peu après que le président Donald Trump, soit passé à l’offensive avec cette 1ère sanction déjà en application contre le Cameroun depuis le 1er novembre, l’intensité augmente progressivement ; Depuis mardi 19 novembre, après l’audition au parlementaire à Washington, de Monsieur Tibor Nagy, Responsable Afrique au Département d’Etat américain, les Etats-Unis appellent avec insistance le gouvernement camerounais à l’organisation d’un "vrai dialogue" et à un "transfert de pouvoir" vers les régions anglophones du Cameroun. Parce que, précise le communiqué, « …la réponse militaire privilégiée par le gouvernement Biya ne fait que renforcer les séparatistes ».
Pour sa part, le gouvernement du Cameroun, par la bouche de son porte-parole, le Ministre René Emmanuel Sadi, fustige toutes ces interpellations et dénonce un chantage politico-économique. Ce que réfutent les spécialistes. L’économiste Dieudonné Essomba trouve que le « président Paul Biya paie aujourd’hui le prix de l’entêtement politique… il joue avec le feu … Ce n’est pas bon quand une puissance comme les USA est contre toi ! Et quand les Américains insistent sur une affaire, cela signifie que les choses sérieuses peuvent commencer à tout moment. Car ce ne sont pas des bluffeurs ! Et peu leur importe la morale des autres : ils obéissent à leur morale à eux et non à celle de leurs victimes. Et cette terrible morale, c’est le rapport de force, habillé de leurs "valeurs démocratiques"  »…

37 ANS DE POUVOIR - ON PERD LA RAISON ?
D. Essomba rappelle en plus que « Ceux qui ont voulu jouer au petit malin avec ça l’ont senti dans leur chair : parmi les plus récents, Kadhafi avec une balle logée dans le crâne, Saddam Hussein pendu, et bien d’autres l’ont subi de la pire manière ! Le Sud Soudan et l’Erythrée sont devenus indépendants quand les USA l’ont décidé !... ». Pour lui, « …cette situation s’aggrave avec la nature du régime en cours au Cameroun. Pour des raisons légitimes ou non, le pouvoir de Biya a déjà 37 ans, avec un Chef d’Etat âgé officiellement de 86 ans. Ce n’est pas ce genre de régime que les pays Occidentaux écoutent avec aménité. Spontanément, avec de mauvais à priori, ils sont très mal disposés à écouter les arguments de tels régimes, aussi fondés soient-ils ». Depuis 1961, Explique l’économiste Essomba, le « Cameroun a toujours eu une saine attitude de prudence, évitant de se présenter comme un ennemi d’un pays étranger. C’était la bonne attitude, car un pot de terre évite soigneusement les terrains qu’écument les pots de fer. Mais avec le problème anglophone, nous avons changé de paradigme pour entrer en confrontation directe avec les puissances qui comptent ».
Et de conclure que « C’est aussi cela le prix de l’entêtement. Le régime de Biya, comme tous les régimes qui ont trop duré, a perdu tout sens de la prudence et a fini par croire qu’il pourra échapper à toutes les adversités à coups de ruse, de pourrissement et de petits pas. Il est possible que le problème anglophone soit la fin. Et qu’à force de s’arc-bouter dans leur logique, il finisse par perdre le pouvoir, la liberté et même la vie ».

CHEF ABY

 
 
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