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CAMEROUN : Le gouvernement cherche à se dédouaner du décès d’un journaliste dans un camp militaire

Par Chef Aby | Africain.info | dimanche 7 juin 2020
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La réaction du gouvernement camerounais était attendue, pour faire la lumière sur le décès du journaliste Samuel Wazizi [photo], dans les geôles militaires. C’est plutôt le Chef de la Division de la Communication du Ministère de la défense qui a signé un communiqué rendu public ce vendredi, pour donner le récit officiel des faits. Une version que rejetteraient la famille, les avocats et les journalistes.

Le Syndicat national des journalistes du Cameroun (SNJC), et la Cameroon associaitation for English speaking Journalists (CAMASEJ) avaient donné au gouvernement jusqu’à la fin de semaine, pour faire toute la lumière sur la mort de Wazizi et qu’une commission d’enquête soit créée. « Nous voulons connaître le lieu, la date exacte, l’endroit où se trouve la dépouille, ainsi que les circonstances de ce décès ». Le Gouvernement a respecté cet ultimatum à date. Le communiqué du Ministère de la défense a été publié vendredi 5 Juin : « Le samedi 03 août 2019 à EKONA, les Forces de Sécurité avaient procédé à l’arrestation, au cours d’une opération de sécurité sur le terrain, du nommé Samuel EBUWE AJIEKIA, alias "SAMUEL WAZIZI", soupçonné d’intelligence avec les terroristes et de complicité d’actes de terrorisme. Après de longues enquêtes, les éléments des Forces de Sécurité avaient établi que ce dernier, se disant animateur dans une chaine de télévision locale, était en réalité un logisticien de divers groupes terroristes opérant sur tes hauteurs de MOUNTAINS LIONS (Buea), plus précisément à partir des camps retranchés de MASSOUMA et de WONYA MAKUMBA. De même, il coordonnait les opérations logistiques des autres groupes terroristes opérant dans le Département du FAKO, notamment le "21 MAN SCOTT FOR LIFE", le "ONE FOR ALL", et le "FEAR OF THE MOUNTAIN" connu comme une force spéciale de frappe terroriste » : C’est ainsi que commence le communiqué de presse du ministère de la défense.

COMPLICITE D’ACTES DE TERRORISME !
Le Capitaine de Frégate, Cyrille Serge ATONFACK GUEMO, soutient que : « Le 07 août 2019, les Forces de Sécurité avaient mis le susnommé à la disposition de la 21ème Brigade d’Infanterie Motorisée (21ème BRIM) pour exploitation opérationnelle. A l’issue de celle-ci, il fut transféré au Service Central de Recherches Judiciaires (SCRJ) de la Gendarmerie Nationale (SED-GN) le 13 août 2019 via la Division de la Sécurité Militaire, en application des procédures usuelles. A son arrivée à Yaoundé, le nommé Samuel EBUWE AJIEKIA présentait un état fébrile, pour lequel la Division de la Sécurité Militaire l’avait mis à la disposition de l’Hôpital Militaire de Région n°1 (HMR1) à Yaoundé, pour consultation et soins appropriés ».
Malheureusement, précise t-il, « l’état de santé de ce dernier va se dégrader au fil des jours, jusqu’au petit matin du samedi 17 août 2019, lorsque les médecins constatèrent son décès à 02 heures 13 minutes ». Le communiqué ajoute que : « Le Certificat de genre de mort délivré par cet Hôpital précisait clairement que le nommé Samuel EBUWE AJJEKJA, né le 06 juin 1984 à MOLYKO, y était décédé le 17 août 2019, des suites d’une "SEPSIS SEVERE". Il est donc clairement décédé des suites d’une "SEPSlS SÉVÈRE", et non pas d’un quelconque acte de torture ou sévices corporels. Il convient de signaler que ce dernier était resté en contact étroit avec sa famille de Buea à Yaoundé, et que, même de son lit de malade à l’Hôpital Militaire de Région n°1, il avait régulièrement échangé avec plusieurs de ses proches ».

DE GRAVES ACCUSATIONS
Le porte parole de l’armée affirme en plus qu’une fois le décès constaté, la dépouille du journaliste a été déposée le même jour à la morgue de l’Hôpital Militaire de la Région n°1, au Centre de Formation Technique des Armées (CFTA), et que sa famille était aussitôt informée. Il dit ensuite que « Nous sommes au regret de constater que celle-ci n’a depuis lors engagé aucune diligence pour les obsèques ».
Le communicateur du ministère de la défense, le Capitaine de Frégate Cyrille Serge ATONFACK GUEMO, conclus étrangement son mémoire de défense de l’armée, par des accusations graves : « 10 (dix) mois plus tard, certains médias et organisations non-gouvernementales nationales et internationales, de lignes éditoriales et d’obédiences bien connues, s’offusquent en chœur d’une pseudo disparition qui n’en est pas une à la vérité. Ils vont jusqu’à établir un prétendu parallèle avec les convulsions socio-sécuritaires actuelles dans certains pays outre-Atlantique. Ce nouvel épisode de diabolisation de nos Forces de Défense et de Sécurité, semble clairement s’inscrire dans une logique programmée pour les démoraliser, voire les démobiliser dans la conduite de leurs missions de défense de l’intégrité territoriale du pays et de protection des personnes et de leurs biens ».

MENSONGES SAVAMMENT MONTES
Comme la famille du défunt et ses avocats, ses confrères journalistes, ne croient pas un seul instant à ce récit qu’ils qualifient de « tissu de mensonges » savamment monté. « Nous connaissons bien notre défunt confrère, il était journaliste et non un terroriste, il était membre du CAMASEJ depuis des lustres et animait une émission à grande audience sur la chaine CMTV », atteste un journaliste anglophone.
Pour le président du syndicat des journalistes camerounais, Denis Nkwebo : « Ce communiqué du gouvernement est un tissu de mensonges et une ultime provocation. Les journalistes vont prendre leur responsabilité dès cet instant […] Le dernier contact entre Samuel Wazizi et ses proches remonte au 7 août 2019 ». La famille n’a jamais été au courant de la maladie ou décès de Samuel Wazizi. Ne sait même pas où se trouve le corps. Denis Nkwebo et le SNJC affirment d’ailleurs avec fermeté que : « …Wazizi n’a jamais été arrêté au cours d’une opération militaire. Mais il a été appelé au téléphone alors qu’il était dans son lit, pour être mis aux arrêts. Nous l’avons vu au commissariat » Le SNJC et d’autres organisations corporatistes de journalistes, continuent d’exiger la mise sur pied d’une Commission d’enquête nationale chargée d’élucider les circonstances du décès de ce journaliste.

CHEF ABY


Voir aussi : Cameroun : Un journaliste meurt pendant sa détention secrète dans une caserne militaire

 
 
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